Encore un petit bus de nuit où la clim est « à fonds-à fonds » et nous arrivons sur une Sydney encore endormie en ce début de week-end.
La journée sera aussi partiellement destinée au blog de Riton et il est l’heure des conclusions.
L’Australie est un pays gigantesque, un continent même ! Je n’ai effleuré le fruit que sur le pourtour Est de sa pelure … le plus glamour, le plus ostentatoire et le plus brillant : celui qui fait la réputation internationale du pays (surf, soleil, grandes métropoles modernes, …). Celui que je voulais, en 5 semaines « seulement », parcourir.
La singularité de cette ile isolée est impressionnante car contradictoire : une telle diversité des paysages et de climats alors que nous sommes toujours dans le même pays …. A couper le souffle ! Surtout que je n’ai jamais mis les pieds dans un autre tel mastodonte (USA, Russie, Chine, Brésil, Inde, …).
Je la quitte avec un pincement au cœur et en même temps, content de fuir cette « mal-bouffe » ! Car comme je recommence tous les 3-4 jours le parcours de tout être humain - besoins physiologiques : manger, boire, dormir ; besoin de sécurité : mettre un toit sur sa tête - c’est assez pénible pour quelqu’un comme moi qui a toujours eu une identité culinaire équilibrée et variée de se retrouver confronté à autant de pauvreté gustative … les Subway, McDo et consorts sont devenus mes plus fidèles amis durant 5 semaines, bien involontairement L : pas assez de temps sur chaque spot pour faire moi-même mes courses (pb de conservation des produits) et pas envie de passer 2-3 heures par soir dans un vrai resto. Bref … Quand je repense à ce que le tonton Joseph disait, un peu bravache : « bobobo … pour bien manger, pas besoin de quitter la France » … Pas tout à fait faux J.
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Une autre réflexion vient aussi me chatouiller les narines …
Désolé de jouer au « petit professeur » ou de prendre un ton un peu trop didactique mais il convienne que je réexplique la fonction 1ere de ce blog.
Je sais que certaines personnes attendent beaucoup plus de ce blog, qu’elles le voudraient exhaustif et répondant à toutes leurs attentes …
- Les voyageurs voudraient des infos utiles pour planifier leurs prochains périples (horaires de bus, tarifs, adresses d’hôtel, …) mais ce n’est pas www.guide.du.routard.com,
- Les fans de belles images souhaiteraient des photos de fous mais ce n’est pas le site internet de l’émission Thalassa,
- Les férus de découvertes socio-culturelles ne trouveront pas ici les subtilités des castes au Sri-Lanka,
- Les gourmands ne trouveront pas non plus la recette du sticky rice du Laos,
- La famille et les très proches ne peuvent vouloir voir ce blog comme une balise Argos ou un GPS pour savoir où je suis et si je suis toujours vivant,
- Et ce n’est pas non plus Jetset.com pour savoir combien de gonzesses j’ai baisées la semaine dernière …
Comme son nom l’indique, il s’agit d’un blog et il fait partie de la blogosphère : chacun peut aujourd’hui écrire ce qu’il veut sur le web … du moment que ca ne soit pas diffamatoire, un appel à la haine ou encore, d’ordre pédophile par exemple … Je ne suis ni journaliste d’investigation, ni explorateur au pole nord, ni reporter de guerre => ce blog restera léger, un billet d’humeur, de partage de certaines choses (photos, expériences, bêtises de Riton J) et donc … incomplet.
Vos remarques me sont toutefois très utiles … pour moi-même. Je me rends compte qu’après 6 mois de voyage, j’ai glissé dans une autre dimension du temps. Voyager 1 an n’est pas une accumulation de 26 fois « 2 semaines de vacances » où on continue à faire ce qu’on fait le reste de l’année, c'est-à-dire : consommer. « Consommer » des produits touristiques : consommer un opéra à Milan, consommer la tour de Pises ou consommer du bon soleil sur du sable doré en Sardaigne … le tout en n’oubliant pas d’envoyer une carte postale à la mémé et aux amis.
Aujourd’hui je ne suis pas dans le temps de l’action, je ne suis pas dans le temps du challenge ou dans celui du « faire pour réussir » … Je suis dans le temps de la réflexion, dans le temps de l’introspection, dans le temps du « faire pour faire », dans le temps de ……………… (mettre le synonyme de votre choix). Alors que certains lecteurs eux, sont dans le temps médiatique (information kleenex), le temps du tout « tout de suite ».
Donc il existe forcement un décalage entre nous et … il est légitime (si vous n’avez qu’une heure à passer sur internet entre midi et 2, je comprends tout à fait que vous voulez que ca aille vite et que vous trouviez ce que vous cherchez sur le net). En même temps, j’opposerais à ce décalage la plus grande ressource que j’ai actuellement : la liberté. La liberté d’aller à droite ou à gauche, la liberté de rester 1, 2, 3 ou 8 jours quelque part, la liberté de déguster une bière avec Pierre plutôt que Paul … et donc, la liberté de publier ce que je veux sur ce blog, puisque ces lignes sont avant tout mes mémoires (même s’il y a plein de choses que vous ne comprenez pas, moi je n’ai besoin que d’un mot ou d’une expression pour me marrer et repenser à ceci ou cela).
Pour conclure par une jolie phrase, car il faut toujours terminer par une zoulie phrase, je me permettrais de reprendre une citation de Julien, mon ex-collègue de boulot : « un jour au Sénégal on m’a dit : « Vous en Suisse, vous avez des montres … nous ici, on a le temps » ».
Riton : « oooooohhhhh, Latatia … On a tous quelque chose en nous de SE-NE-GAL … »
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Adios, Australia … J