Un bus de nuit qui me fait penser à ceux du Sri-Lanka (à-fonds-à-fonds n’importe comment sur les routes) et nous arrivons ce mercredi matin à Banaue.
Riton : « bon … tu vas te décider enfin à me dire ce qu’on est venu faire ici … dans le trou du c**** du monde ?!? ».
On vient purger une frustration que je traine depuis quelques années (depuis le Cap Vert et l’ile de Santo Antao, exactement) : faire un trek au milieu de plantations en terrasse.
On prend une chambre, un guide « free lands » et un peu de repos pour se préparer mentalement. Riton : « à qui tu veux faire croire ca … ? ». «Va mal finir, notre histoire, si tu continues ainsi … ».
On choisi, la formule offensive : trek de 3 jours, en « version longue ». Riton : « Version longue, c’est comme le Grand Bleu : on a des passages inédits ? ». Exact : on part de plus loin et le premier jour devrait nous offrir des paysage presque vierges de touristes.
Justin sera notre guide pendant ces 3 jours. Il m’avouera plus tard qu’il est content d’avoir « mis la main sûr moi » car ici, c’est la guerre entre les guides et lui-même n’a pas fait de trek aussi long depuis 4 mois (seulement des tours journaliers, la plupart des gens n’ont pas beaucoup de temps et ne font qu’un crochet par ici vite-fait bien-fait).
On fait un petit arrêt au view point sur les hauteurs de Banaue …
… où toutes les rizières ne sont pas vertes : la plantation n’a lieu qu’en ce moment dans cette partie de la région.
On s’enfonce plus haut encore, histoire de retrouver le début de notre piste. On part pour plus de 7 heures de marche aujourd’hui, on les avalera en tout juste 6 … ! Riton : « oh put*** j’ai une pêche, j’ai une pêche … j’vais tous les plier demain au critérium ! ».
Et voila ce que je voulais faire depuis si longtemps : marcher sur d’étroits murets en plein milieu de la nature …
Riton : « heuuuu … comment on fait pour passer d’une rizière à l’autre ? ». « Ba on prend de petits escaliers … parfois très petits. »
On traverse des paysages magiques et immenses … que mon appareil photos n’arrive pas forcement à bien retranscrire
C’est complètement dingue de se dire que ces terrasses ont plus de 2'000 ans ! L’UNESCO a quand bien fait de les classer patrimoine mondial …
D’ailleurs, faudra m’expliquer comment se fait-il qu’un jour, le chef d’une tribu gauloise a dit : « bon les gars, on y est. Nous sommes à plusieurs semaines de marche des côtes, personne ne viendra nous embêter ici ... On pose notre baluchon et on creuse des terrasses pour planter ce qu’on sait le mieux faire pousser : du riz ».
Riton : « ah ouais, je crois connaitre le nom du chef gaulois : je parie que c’est Caterpillarix … ». « C’est toi qu’on va bâillonner et attacher à l’arbre si tu continues … Tout ceci a été construit à mains nues ! ».
Et c’est vraiment dingue, d’imaginer l’énergie qu’il a fallu déployer pour atteindre un tel résultat.
On a beau être au milieu de nul part (4 heures de marche avant la première « ville »), on n’en a pas oublié la Saint Valentin pour autant
Lors de la traversée de hameaux, j’avais prévu le coup et pris un paquet de bonbons à distribuer aux enfants qui savent parfaitement demander « a candy » quand il faut … C’est d’ailleurs impressionnant de voir que même dans les coins bien paumés aux Philippines, l’anglais est très répandu : une mère me dit dans un anglais parfait de lui lancer le bonbon pour son petit car elle est trop en contrebas pour que je puisse la rejoindre … je m’exécute et prends bien soin de ne pas divulguer mon terrible accent J
On passe devant la fameuse mégalopole de Pulau …
Célèbre pour son université de sciences appliquées, juste à coté de l’aéroport international
… avant d’arriver en milieu d’après-midi au village de Cambula, notre étape du jour
Mélange de maisons traditionnelles …
… et plus « modernes »
Une discussion prolongée avec un tchèque qui arpente seul ces vallées ( ! - moi depuis l’épisode de Sumatra, je mets tout en œuvre pour éviter de me perdre à nouveau …) nous fait louper la représentation de danses traditionnelles que les enfants du village ont effectuée sous le préau de l’école … De toutes manières, la France n’a pas tout perdu : à part mon ami de Prague, il n’y a que des mangeurs de grenouilles ici ! Je me croirais presque revenu à Sukhothai …
Riton : « ah c’est clair que ce ne sont pas les américains gavés de hamburgers qui vont trainer leur bide jusqu’ici … ». T’es dur mais ce n’est pas faux : c’est mot pour mot ce que les guides nous disent ici … J
Le repas est simple (riz-légumes) et la pluie accompagne nos derniers songes avant que le sommeil nous emporte … après cette belle 1ere journée.